Les soft skills sont-ils vraiment un enjeu d’avenir ?

Soft skills : sont-ils un enjeu d'avenir ?

Apprendre à communiquer, gérer les conflits, s’adapter, mobiliser son esprit critique, apprendre à apprendre… Ce sont ces compétences transversales qui feront toute la différence entre les organisations qui fonctionnent bien et les autres. Entre les salariés qui feront évoluer leur carrière et les autres.

Découvrez pourquoi le développement des soft skills est un enjeu d’avenir pour les organisations, les salariés et les politiques publiques, pour un développement économique durable.

Le terme « soft skills » a commencé à gagner en popularité dans les années 1970 et 1980, à mesure que les entreprises reconnaissaient l’importance des compétences sociales et émotionnelles [consulter l’article sur l’histoire des soft skills]. À cette époque, les compétences techniques – également appelées « hard skills » – étaient considérées comme essentielles. Mais il devenait de plus en plus évident que les soft skills (appelons-les également « compétences transversales ») étaient tout aussi importantes.

Avec l’évolution des environnements de travail, la montée en puissance de l’automatisation et de la technologie, ainsi que l’importance croissante des interactions humaines, les compétences transversales ont pris de plus en plus d’importance dans le monde de l’entreprise et dans l’éducation.

Aux États-Unis, les universités intègrent la formation aux soft skills dans leurs programmes de développement professionnel. Elles reconnaissent que l’éducation ne doit pas se limiter aux compétences techniques, mais qu’elle doit également inclure des compétences telles que la pensée critique, la communication et la gestion du stress pour préparer les étudiants. Le cours le plus populaire de l’université de Yale est sur… le bonheur. Il fait salle comble. L’enjeu n’est pas seulement d’aider les étudiants à être plus heureux, mais également de leur donner des outils d’introspection et de réflexivité très utiles dans des postes à responsabilité.

En France, le Ministère de l’enseignement supérieur a lancé le projet « C2 pour l’emploi », en partenariat avec AUNEGE. Il a pour objectif de donner aux étudiants, comme aux responsables de formation et enseignants, des ressources et des outils libres d’accès pour découvrir, développer ou acquérir des compétences comportementales transversales à toutes les disciplines. Il considère que l’écoute, l’empathie, l’adaptabilité, la créativité, le travail en équipe et la gestion de conflits sont des compétences « essentielles pour trouver un emploi et de plus en plus discriminantes pour les candidats ».

L’Organisation des Nations-Unis identifie 17 enjeux majeurs pour l’avenir, qu’elle qualifie d’Objectifs de Développement Durable (ODD). Ces ODD sont un appel universel à l’action pour mettre fin à la pauvreté, protéger la planète et garantir que tous les êtres humains jouissent de la paix et de la prospérité, d’ici 2030. Programme ambitieux et inspirant.

Le huitième Objectif de Développement Durable (ODD) se concentre sur la promotion d’un « travail décent et de la croissance économique ».

Il vise une croissance économique soutenue, inclusive et durable. Pour y parvenir, l’ONU juge essentiel le développement de compétences adaptées au marché du travail. Cela inclut non seulement les compétences techniques spécifiques à un secteur, mais aussi des compétences transversales telles que la créativité, la pensée critique, la communication et la collaboration.

Cela inclut également le développement et l’implémentation de politiques qui favorisent la formation professionnelle et l’acquisition de ces compétences, pour permettre aux femmes et hommes de répondre aux défis du marché du travail et d’y trouver leur place.

Le Forum économique mondial a, quant à lui, recensé huit soft skills qui feront le monde du travail de demain :

  1. Les capacités de réflexion et de raisonnement analytique ;
  2. L’apprentissage continu ;
  3. La résolution de problèmes complexes ;
  4. L’esprit critique ;
  5. La créativité et la prise d’initiative ;
  6. Le leadership ;
  7. La résilience et la flexibilité ;
  8. Le raisonnement et la conceptualisation.

Ces compétences relèvent à la fois du collectif (travail en équipe ou résolution de problèmes de manière collaborative), mais touchent aussi aux capacités individuelles de chacun à évaluer une situation et à réagir de la façon la plus adaptée. D’autres soft skills clés retiennent aussi l’attention d’une large partie des experts telles que l’adaptabilité, la communication, la créativité, l’autonomie, l’humilité et l’engagement.

Les soft skills pour innover et transformer les organisations. C’est le rapport au titre ambitieux et assez éloquent publié par France Stratégie, l’organisme d’expertise et d’analyse prospective sur les grands sujets sociaux, économiques et environnementaux, auprès du Premier Ministre.

Je vous livre un extrait qui raconte toute l’importance accordée au développement des soft skills :

 « L’incertitude, la complexité et l’ambiguïté sont au cœur des sociétés modernes [voir notre article sur le monde VUCA]. Les transformations s’accélèrent et représentent un défi incontournable pour toutes les organisations, publiques comme privées. La solution est souvent recherchée à travers les outils, les processus et les organigrammes, alors qu’il s’agit avant tout d’une démarche collective de femmes et d’hommes. […]

 Ainsi, une meilleure compréhension de l’innovation et de la transformation dans les organisations nécessite, d’une part, de saisir les caractéristiques individuelles, collectives et environnementales des acteurs qui y contribuent et, d’autre part, de comprendre quelles sont les compétences spécifiques des innovateurs. Or, un grand nombre d’entre elles ne relèvent pas de la technique ou du métier mais sont de nature socio-comportementale.

L’objectif de l’étude est de comprendre lesquelles de ces compétences transversales, ou soft skills, sont mobilisées par ces hommes et ces femmes afin d’innover et de conduire la transformation de leurs organisations. Former les femmes et les hommes, nos talents, à savoir reconnaître et développer leurs soft skills, engager et préparer les équipes à être moteurs de la transformation et de l’innovation sont des enjeux majeurs, car vecteurs de croissance, de compétitivité et d’emploi. Il s’agit de faire encore progresser la France dans l’économie de la connaissance. »

L’économie du sentiment de Huang est un concept qui se réfère à une théorie économique développée par le sociologue et économiste chinois Huang Zongxi (1610-1695) au XVIIe siècle. Huang Zongxi a contribué à la pensée politique et économique chinoise. L’économie du sentiment est l’une de ses idées les plus influentes.

L’économie du sentiment de Huang repose sur l’idée que les émotions, les sentiments et les valeurs jouent un rôle crucial dans le comportement économique des individus et des sociétés. Huang soutenait que les émotions, telles que la compassion, la loyauté, l’honnêteté et la confiance, étaient essentielles pour le fonctionnement harmonieux de l’économie. Selon sa théorie, lorsque les gens agissent avec éthique et moralité, ils contribuent à la stabilité économique et sociale.

L’économie du sentiment de Huang peut être interprétée comme une réflexion sur la relation entre l’économie, la morale et la culture. Il mettait l’accent sur l’importance de l’éducation et de la formation morale pour façonner un comportement économique éthique et contribuer au bien-être collectif.

Il est important de noter que l’économie du sentiment de Huang a été développée dans un contexte chinois spécifique du XVIIe siècle et doit être compris dans ce contexte historique. Cependant, certaines de ses idées sur le rôle des émotions et des valeurs dans l’économie ont été explorées et discutées dans des contextes plus contemporains, notamment dans le domaine de l’économie comportementale et de l’économie éthique.

Économie comportementale

L’économie comportementale est un champ de l’économie qui étudie comment les êtres humains prennent des décisions économiques dans la pratique, en tenant compte de leurs comportements et de leurs émotions. Les biais cognitifs ou encore l’économie de la confiance sont quelques unes des des manières dont les émotions sont intégrées dans l’économie comportementale.

Économie éthique

L’économie éthique est une branche de l’économie qui examine la manière dont les considérations morales et éthiques peuvent guider le comportement économique. Dans ce contexte, les émotions et les valeurs sont centrales. L’économie éthique englobe : la Responsabilité sociale des entreprises (RSE), l’Investissement Socialement Responsable (ISR) et même le comportement du consommateur. En effet, le consommateur fait des choix influencés par des considérations éthiques et alignées sur leurs valeurs.

Ces domaines de recherche souhaitent comprendre comment ces facteurs affectent le comportement économique réel et comment ils peuvent être intégrés de manière plus constructive pour promouvoir des résultats économiques et sociaux positifs.

Compétences relationnelles et émotionnelles

L’idée d’une « économie du sentiment » émergente met l’accent sur la croissante importance des compétences relationnelles et émotionnelles dans le monde du travail. Cette évolution découle de plusieurs tendances et changements dans l’économie et la société, au premier rang desquelles l’automatisation et l’intelligence artificielle. Mais également l’importance croissante de l’expérience client. En effet, dans de nombreux secteurs, l’expérience client est devenue un facteur de différenciation clé, avec des interactions plus personnalisées. Cela nécessite des collaborateurs capables de « comprendre » les émotions des clients, de résoudre des problèmes complexes et de construire des relations à long terme.

Dans cette « économie du sentiment », les collaborateurs sont davantage positionnés sur des tâches relationnelles. Elles impliquent des compétences telles que : l’empathie, la communication, la résolution de conflits, la gestion du stress et la compréhension des besoins émotionnels des autres.

Il est essentiel que chacun acquiert et développe ces compétences pour réussir dans cette économie émergente. Les employeurs devraient s’engagent à renforcer les soft skills de leurs collaborateurs.

Il n’existe pas de consensus autour d’une définition des soft skills, mais en croisant les listes que chaque institution en fait, il devient possible d’en dessiner les contours. Je vous partage la liste la plus complète et exhaustive que j’ai trouvé, dans cet article : Découvrez les 46 soft skills d’avenir.

80% des emplois à venir n’existent pas encore, d’après les prévisions sur l’évolution future du marché du travail, notamment en raison de l’avancée rapide des technologies, de l’automatisation et de l’intelligence artificielle.

Bien qu’il soit nécessaire de considérer cette affirmation avec prudence, il est indéniable que le marché du travail évolue rapidement. Les compétences nécessaires aujourd’hui ne seront pas forcément celles requises demain. Cela signifie pas pour autant que la majorité des emplois actuels disparaîtra, mais plutôt qu’ils évolueront et s’adapteront aux nouvelles technologies et à d’autres exigences du marché.

Les avancées technologiques, notamment dans des domaines comme l’IA, la robotique, et le numérique, créent de nouvelles opportunités d’emploi tout en redéfinissant les emplois existants. Ces technologies pourraient aussi automatiser certains emplois, mais en même temps, elles génèrent de nouveaux besoins en compétences et en postes de travail. S’adapter à un environnement professionnel en hyper croissance, innover, contribuer de manière significative aux dynamiques d’équipe, accompagner les transitions environnementales, communiquer avec des générations très différentes… Les rôles de chacun évolueront considérablement les prochaines années.

Adapter les systèmes éducatifs et de formation professionnelle devient un enjeu d’avenir pour se préparer aux emplois de demain. Les compétences transversales ou soft skills, sont une composante clé pour atteindre un développement économique durable.

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